dimanche 4 décembre 2011

Condorcet à Clamart






Maison dite Auberge Condorcet, 7 rue Chef de Ville, Clamart, Hauts de Seine
( Ce serait ici l'Auberge Crespinet où aurait été arrêté Condorcet, bien que celle ci ait été détruite selon certaines sources )






Où sont relatées la fuite jusqu'à Clamart et la mort de Marie Jean Antoine Nicole Caritat marquis de Condorcet, pendant la Terreur, à travers divers témoignages.


Chapitre CLXXXVIII.
Condorcet
Comme la mort de Condorcet a causé une sensation universelle, on s'est empressé d'en savoir les particularités. Voici ce qu'un témoin oculaire m'a transmis. Arrêté à Clamars, dans un cabaret où la faim l'avoit fait entrer, il fut conduit au comité du lieu ; car les moindres bourgades avoient leurs comités de sans-culottes. Interrogé, fouillé, il ne voulut jamais déclarer d'autre nom que celui de Simon, ancien domestique. On ne lui trouva d'ailleurs aucun papier, ni carte, ni passeport ; mais un Horace, sur les pages blanches duquel il y avoit quelques lignes d'écrites au crayon, et en latin ; ce qui fit dire fort spirituellement au membre du comité qui l'interrogeoit : Tu nous dis que tu étois domestique ; mais je croirois bien plutôt que tu es un de ces ci-devans qui en avoient, des domestiques : Ce résultat de l'interrogatoire fut que le Quidam seroit conduit au district du Bourg de l' Égalité (Bourg La Reine, Ndlr), pour par lui être ordonné ce qu'il appartiendroit. Transféré à pied au milieu d'une escorte armée, le malheureux ne put aller plus loin que Châtillon, où il tomba de défaillance et d’épuisement. On fut obligé d'emprunter le cheval d'un vigneron de cette dernière commune, et il fut conduit au district qui ordonna aussi-tôt son incarcération.
Plongé dans un cachot humide, sans lit, sans nourriture, on l'y oublia pendant près de 48 heures. Le surlendemain seulement de son entrée au cachot, le gardien fut pour le visiter: il étoit étendu, sans vie, sur le plancher.
Qu'est-il besoin après cela de se perdre en conjectures sur la cause de sa mort ? La vérité est donc, que l'infortuné n'avoit pas eu le temps d'achever son repas dans le cabaret de Clamars, et qu'il est mort de faim dans son cachot, surtout y étant entré déjà exténué de besoins ; et c'est peut-être bien là aussi la raison pour laquelle cet évènement, qui devoit naturellement faire du bruit, est resté secret jusqu'à ce moment, et qu'on a fait naître depuis l'idée du poison.
Dans le dernier entretien que j'eus avec Condorcet, je lui remis un itinéraire pour le comte de Neuf Châtel, au moyen duquel il pouvoit éviter Besançon, Pontarlier, et passer le Doubs. Condorcet avoit prévu le règne de ces hommes de sang qui ont fait détester la plus belle des révolutions, et qui lui ont imprimé leurs caractères d'ineptie et de férocité. Les mêmes devoient bientôt assassiner vingt-deux représentants du peuple, pour les punir de leurs lumières, de leurs vertus, de leur courage, et surtout de la connoissance qu'ils avoient des intrigues viles et criminelles que les agents de l'étranger ourdissoient avec audace. Il n'est pas étonnant que ces assassins calomnient leur mémoire ; mais tout ce qu'on a dit d'eux et de Condorcet, va bientôt faire place à l'éclat imposant et terrible de la vérité; et l'on verra qu'il n'y avoit ni haute-trahison dans les uns, ni faiblesse dans le philosophe : l'on verra que l'oppression inconcevable qui a pesé sur le peuple et sur la Convention nationale, de son propre aveu, n'a laissé échapper que les vertus et les actions qui auroient pu appartenir à un Socrate, à un Platon, à un Penn ( William Penn, 1644-1718, Ndlr ) ; car eux-mêmes auroient été forcés, ou se seroient condamnés au silence, au milieu de cette épouvantable détonation, propre à tuer et le génie et la voix de la philosophie , et celle du bon sens.
Que pouvoit alors la raison humaine? Rien.
On peut lui reprocher cependant de n' avoir émis dans le procès de Louis XVI qu'une opinion si indécise, si contournée, si embarrassée, que chacun s'écria tout haut que le philosophe avoit parlé en véritable enfant.
Condorcet, Lavoisier, n'ont pu trouver une cache ; le dernier des Brutus s'est écrié : Vertu ! tu n'es qu'un vain nom ! ces deux hommes célèbres pouvoient adresser à l'amitié la même mémorable apostrophe.




Buste de Condorcet par Jean Antoine Houdon, Terre Cuite, Musée du Louvre




Les attentats du 31 mai, des 1er et 2 juin, lui rendront son énergie, et il se déclarera hautement contre l'odieuse tyrannie des Robespierre et des Marat. Un nouveau Comité constitutionnel est nommé, dont il ne fait point partie ; il ne craint pas de démasquer l'incapacité de ses membres et de leur reprocher publiquement de n'avoir modifié le premier projet d'organisation sociale, celui auquel il avait contribué, que pour le pervertir et le corrompre. Dénoncé, à ce propos, par l'ex-capucin Chabot qui le traitait dans son acte d'accusation de scélérat, d'infâme, d'académicien, comme ennemi de la Convention et mandé à sa barre, il ne comparut point. Son arrestation fut décrétée ; ses biens furent confisqués, et quelques jours après son nom figurait, avec ceux de Brissot, de Valazé, de Gensonné, de Vergniaud , sur une liste de conventionnels réputés coupables de conspiration contre l'unité de la République, et, comme tels, condamnés à mort. Cependant deux élèves de Cabanis, beau-frère de Condorcet, et de Vicq-d'Azyr, leur ami commun, MM. Pinel et Boyer, qui ont honoré l'un et l'autre, comme tout le monde le sait, l'art auquel ils se sont voués, avaient assuré une retraite au proscrit. A leur prière, une femme capable des sentiments les plus élevés et les plus nobles, la veuve d'un sculpteur, proche parent des grands peintres du même nom, Mme Vernet, qui tenait, rue Servandoni, n° 21, une maison habitée par des étudiants , le reçut chez elle et le déroba, pendant huit longs mois, aux plus actives recherches.
Bientôt un décret, plus barbare que toutes les mesures adoptées jusque-là, vint l'arracher à son asile : la peine de mort était portée non plus seulement contre les proscrits, mais encore contre ceux qui les accueilleraient et les recèleraient.
« II faut que je vous quitte, dit alors Condorcet à sa bienfaitrice ; je suis hors la loi ; demeurer ici plus longtemps, c'est vous perdre sans me sauver. »
« Si vous êtes hors la loi, lui répondit-elle , vous n'êtes pas hors l'humanité et vous resterez. »
Mais Condorcet n'aurait pour rien au monde consenti à compromettre ainsi sa généreuse amie, et dans ce combat d'abnégation et de sacrifice qui s'engageait entre elle et lui, il ne pouvait être vaincu. Il se prépara donc non à partir, ce qu'on ne lui eût jamais permis, mais à fuir. Le.5 avril 1794, il parvint à tromper la surveillance organisée autour de lui par Mme. Vernet, et il s'échappa, sur les dix heures du matin, en bonnet de laine et en veste, de la maison qui le protégeait, comme on s'échappe d'un lieu funeste. Il espérait trouver un refuge pour quelques jours aux environs de Fontenay-aux-Roses, chez M. et Mme Suard auxquels, dans des jours meilleurs, il avait donné mille preuves d'affection et de dévouement. Cette ressource lui fut refusée. Il se jeta donc, désespéré, dans les carrières abandonnées de Clamart, où probablement il passa la nuit du 5, la journée et la nuit du 6, Dieu sait avec quels projets et quelles espérances ! Le 7, la faim le fait sortir de sa retraite ; il gagne le village voisin et entre dans un cabaret pour y prendre quelque nourriture. Malheureusement l'avidité avec laquelle il se jeta sur les aliments qu'on lui servit, la finesse de sa peau qui contrastait si visiblement avec son accoutrement grossier, un petit volume relié en maroquin, contenant les Épîtres d'Horace, qu'il eut l'imprudence de tirer de sa poche en y cherchant l'argent destiné à payer son repas , son embarras, sa gaucherie , le firent remarquer et le trahirent. On l'arrête ; on le conduit au Bourg-l'Égalité (l'ancien Bourg-la-Reine) où il est jeté et oublié pendant vingt quatre heures dans une prison humide ; le lendemain, lorsque le geôlier entra dans son cachot pour l'en tirer, il n'y trouva qu'un cadavre. Condorcet, selon toute apparence, s'était empoisonné. Il était âgé de 50 ans 6 mois et quelques jours


Condorcet, Sa Vie et ses Œuvres, M. A. Charma, 1863.





Maison de Mme Vernet où Condorcet recherché a trouvé asile, 15 rue Servandoni, VIe ardt




                      Plaque sur la façade de la maison de Mme Vernet, 15 rue Servandoni, Paris VIe ardt










Marie-Rose Boucher était (je crois) native de Châteauneuf ( département des Bouches-du-Rhône ). Elle épousa, jeune, Louis-François Vernet *, sculpteur, neveu de Carle Vernet, père d'Horace Vernet. Tous deux, peu après leur mariage, vinrent a Paris, ou Louis-François Vernet mourut, ne laissant pas d'enfants.
Mme Vernet était propriétaire d'une maison rue Servandoni, n° 24 ( n° 26, rectifié ensuite ), qui n’était composée que de plusieurs petites chambres qu'elle louait (non garnies. - R.), séparément, très souvent a des étudiants en médecine. Cette maison, quand tout était loué, pouvait rapporter 2,500 francs. MM. Pinel et Boyer avaient logé dans cette maison et connaissaient intimement Mme Vernet.
Lors de la prescription de Condorcet, en juillet 1793, MM. Pinel et Boyer, qui, par Vicq d'Azyr et Cabanis, connaissaient Condorcet, demandèrent à Mme Vernet si elle voudrait cacher un proscrit : « Vertueux ? Dit-elle. - Oh! oui,vertueux, reprirent-ils. - Qu'il vienne !... » - Je crois le lendemain, vers le soir, Pinel et Boyer amenèrent Condorcet chez Mme Vernet, qui le reçut ainsi sans savoir son nom. Elle installa Condorcet dans sa modeste chambre, et ce ne fut qu'en reconduisant Pinel et Boyer qu'ils lui dirent le nom de Condorcet.
Depuis juillet 1793 jusqu'en avril 1794, Condorcet resta chez Mme Vernet. Elle ne voulut jamais à cette époque, ni à aucune autre, rien accepter de Condorcet, de sa veuve, ni de sa fille, sous quelque forme ou sous quelque prétexte que ce soit.
Elle eut pour lui les soins de la plus tendre mère, nom que Condorcet lui donnait familièrement, dont elle était fière et heureuse.
Mme Vernet m'a souvent répété que lui demandant, à mon père, ce qu'il ferait à ses prescripteurs si leur sort était entre sa mains, la réponse fut : «  Tout le bien que je pourrais. »
 
Écrit par sa fille, Mars 1841
(* 29 janvier 1744, 6 décembre 1744)


Condorcet, Sa Vie, Son Oeuvre, ouvrage Collectif.





Maison dite Auberge Condorcet,vue satellite, 7 rue Chef de Ville et 10 rue Pierre et Marie Curie, Clamart, Hauts de Seine
( Ce serait ici l'Auberge Crespinet où aurait été arrêté Condorcet, bien que celle ci ait été détruite selon certaines sources )






Témoignage de Mme Vernet, cité par la fille de Condorcet, Eliza :
( Sans date, de 1825,je crois )

«  Ma bien chère Éliza,
«  La notice de l' illustre M. de Condorcet est remplie d'erreurs. Celles-ci sont fausses et grossièrement fausses. Les Girondins périrent cinq mois avant la sortie de ton infortuné père …

C'est moi, accompagnée de M.Sarret et Marcoz, qui lui annonça, par ma triste contenance, l'assassinat de ses collègues. Il tenait un papier où il écrivait à demi-marge les Progrès de l'esprit humain. Il était assis sur une grande bergère, ses jambes allongées devant le feu, car il était frileux. Il appuya sa tête sur ma poitrine, en pleurant la perte de ses amis, et c'est ce jour de malheur qu'il me dit : « Je serai hors la loi et vous aussi, Il faut que je sorte » - « Non. vous resterez le Comité de salut public met hors la loi, mais Il ne met pas hors de l'humanité.. "
« Il resta cinq mois après ce jour fatal, et ce ne fut que le 5 du mois d'avril qu'il m'échappa, par la ruse de la tabatière, accompagné de mon bon Sarret. Le cri de la pauvre Manon [sa portière et servante] sur cette fuite imprévue, me tint plus de quatre heures presque sans mouvement. L'arrivée de ce bon Sarret, à moitie mort, m'apprit qu’il l'avait quitté à la porte de ce monstre Suard... Et c'est à dix heures et demie du matin, toujours le 5 avril, qu'il partait. Ils s'embrassèrent en serrant leurs cœurs contre et avec promesse de rentrer le 7 du même mois, en renouvelant le secret vis-à-vis de tous les initiés. J'en ai trop long à dire, la poitrine me fait mal.
«  Adieu, mon enfant chérie. »
- « On a voulu servir Suard eu disant : « Il ne trouva pas cet ami. » Dieu, quel ami ! … Garat sait qu'il le trouva, et l'histoire le sait : ce livre latin qu'il lui prêta, ton portrait qu'il laissa, et promesse de rentrer à la brune par la porte du jardin. Je l'ai visitée, cette porte inhospitalière...

Toi, qui vivais tant pour Sophie,
Pour ton enfant, pour son bonheur,
Viens m' inspirer, ombre chérie...
Porte tes accents dans mon cœur,
Viens effacer de ma pensée
L'affreux souvenir d'un Suard,
Qui mit ta belle destinée
Entre les aléas du hasard.

« L'illustre victime de Suard sortit de son paradis. C'est lui-même qui appelait son réduit de ce nom. Il en sortit le 5 du mois d'avril, et non de mars, pour y rentrer le 7 du même mois. Ils s'échappèrent en cachette de moi, M. Sarret et lui... les cris d'épouvante de Manon me firent presque sauter de l'escalier en bas avec une grande tabatière a la main, que mon vertueux, mon vénéré ami, m'avait demandée. Ils avaient parlé latin pour aller à la barrière du Maine voir s'il fallait des cartes pour sortir. Ce mystère m'occupait, mais la promesse de ma victime semblait sacrée pour ne pas sortir avant la nuit. Voilà ce qui me fit obéir pour monter prendre la boite.
« Oui, chère fille, cet homme incomparable, ton malheureux père, sortit de la maison après dix heures bien sonnées, accompagné de M. Sarret, avec un beau soleil... Ils mirent quatre heures pour arriver |jusqu'à l'entrée de Fontenay-aux-Roses... Ils se reposèrent souvent en route ; ton pauvre père avait de la peine à marcher, par l'habitude d'être toujours enfermé. lls se serrèrent leurs cœurs l'un contre l'autre, en mettant leurs mains tous deux l'une dans l'autre : après-demain nous nous reverrons !
- « Tu ne pourras pas lire ma dernière où je dis que nos chers voyageurs se dirent : après-demain...
« Le secret de la rentrée de notre ami devait être ignoré de tous les initiés...Les trois portes de face, la cochère, celle de la boutique, celle du couloir, restèrent ouvertes tout contre, huit nuits... »

Il est certain que ce fut la faim qui fit enter mon père dans un cabaret, car le grand nombre d'œufs en omelette qu'il demanda le fit remarquer. N'ayant pas de passeport, on l'arrêta et le mena en prison à Bourg-la-Reine. Questionné, il dit s'appeler Simon (je croie bien qu 'il se dit charpentier), né a Ribemont le 17 septembre 1743, et qu'on lui objecta que la peau de ses mains prouvait qu'il n'était pas charpentier. On le mit en prison. Le lendemain, le geôlier le trouva mort. Depuis longtemps, Il portait sur lui un poison, préparation concentrée d'opium.
Dans cette gravure satirique relatant les évènements du 17 juillet 1791, Condorcet est représenté par une des jeunes femmes jouant du cor à l'arrière de la tribune. Il défendait la nouvelle république américaine avec La Fayette. Le nouveau maire de Paris tente de garder l'équilibre entre la Nouvelle Constitution et le projet de République des Girondins dont Condorcet fait partie.


Procès-Verbal d'Arrestation de Pierre Simon
(CONDORCET) (27 mars 1796.)

( Nous maintenons l'orthographe du procès-verbal, dressé dans la sacristie de l’Église de Clamart, où Caritat comparut devant le comité de Surveillance ; ce bâtiment a disparu lors des démolitions nécessitées par l'agrandissement de l'Église. L'auberge de Louis Crépinet a été également détruite. (Renseignements fournis à M. Émile Antoine, par M. le maire de Clamart.)

Ce jourd'hui 7 germinal de l'an IIe de la République française une et indivisible, le comité assemblée en la salle de ses séances ordinaires, ou estant sont compâru sur les deux heures de relevee les citoyens Claude Champy et François Breau, de cette commune, tous deux cultivateurs, lesquelles nous ammennent un quidam munis d'une canne de bois d'épine, dans laquelle il y a un dart et pomme d'acier, qu'il nous déclara s'appeller Pierre Simon, native de Ribmont, district de Saint-Quentin, département de Lesne (l’Aisne.- R.), âgé de cinquante ans à ce qu'il nous dit, déclarant avoir quitté son pays depuis 20 ans, et depuis lesquelle tems il dit avoir servi différentes personne, comme le ne Trudaine, intendant des finances, et Dionise du Séjour, conseillier au ci-devant parlement de Paris, en qualité de valet de chambre, qu'il a quitté depuis vingt mois a Paris ; lui demandé où il a resté depuis les vingt mois qu'il a quitté Dionise du Séjour, nous déclare qu'il a vécu sur ses épargnes à Paris, rue de Lille, section de la Fontaine de Grenelle, n° 505, où est sa demeure actuelle depuis vingt mois; lui demandé s'ils connoisaient quelqu'un dans ladite maison. Il nous dit connoitre le citoyen Cardeau, copistre et receveur des rentes de la ville de Paris, demeurant dans la même maison, nous déclarant avoir oublié chez lui sa carte de la section de Grenelle ; et a déclaré être sorti hier sur les sept heures du matin de Paris, où il dit avoir parcouru plusieurs villages, comme Bagnieux, Chatillion, où il a couché cette nuit dernière, mais nous déclarant ne connoitre l'aubergiste, et ce matin il est allé à Fontenay pour voir Desnouville, qu'il dit connoitre, et ne l'ayant pas trouvé, il est venu à Clamart le vignoble, ou estant arrivé il a été boire chopine chez le citoyen Louis Crépines ( Crépinet. - R. ), cabaretier en ce lieu. Les membres du comité en ayant été averty se sont transporté che led citoyen Crepines, d'où ils ont fait venir ledit Pierre Simon au comité de surveillance pour y recevoir sa déclaration. Lequel nous dit qu'il parcouroit la campagne pour trouver de l'ouvrage au travail de selpetre ou à faire autre chose, nous déclarant netre pas marié ; en conséquence de n'ayant put nous exhiber aucun certificat de civisme ni de résidence. Voyla ce qu'il nous dit toutes sa déclaration et a signé.

Signalement du nommé Pierre Simon.De la hauteur de cinq pieds cinq pouces six lignes, cheveux chatin, front découvert, les yeux gris, bouche moyenne, nez aquilin, menton rond, visage rond et plain marqué de petite vérole, et un signe au dessus de l’œil droit.
Signé : Pierre Simon

En conséquence du présent procès-verbal cî-deussus. le comité de surveillance arrete : comme ledit Pierre Simon nayant put nous donner aucun certificat quelconque qui constatent son civisme, au contraire lui a paru tres suspect, nous avons arrêté qu'il seroit conduit cejourd'huy par la gendarmerie nationale au district du directoire de légalité (Bourg-Égalité, Bourg-la-Reine. - R. ), pour par eux en ordonner ce qu'il appartiendra. Lesdits jour, mois et an comme dessus, signés: Després, Languedoc, Laplace, Carré, François. Langot, Battar, Chatellié, secrétaire.
( La désignation ci-contre des effets trouvés sur M. de Condorcet n'est point insérée dans le procès-verbal, mais est mise en marge par note ) :

Nota. - Ayant fouillé ledit Pierre Sinon, nous lui avons trouvé sur lui une monte d'argent eguille d'or marquant heure et minute, seconde, cantieme et semaine, la boite estant marqué d'un G garnie dune chene dascier, garnie de sa clé de cuivre et un petit cachet d'acier, horloger Mayer a Paris,1789, un porte creon en argent, un rasoire a manche d'ivoire, un couteau a manche de corne et son tire bouchon, une petite paire de ciseaux. Declare avoir acheté sa montre il y a quatre ans à Paris chez le nommé Grimoire, rue St. Avoye, près la rue du Plâtre. Un livre dorace en latin et a signé Pierre Simon.
Lesquelles effet mentionné au présent proce verbal remis au citoyen Maille, brigadier de la gendarmerie nationale de Chatillion qui s'en est chargé pour les remettre au Directoire du district de l'égalité avec le présent proce verbal et le mandat damener lesdits jour et an comme dessus.




Arrière de la maison dite Auberge Condorcet, 10 rue Pierre et Marie Curie, Clamart, Hauts de Seine
( Ce serait ici l'Auberge Crespinet où aurait été arrêté Condorcet, bien que celle ci ait été détruite selon certaines sources )







Acte de Mort de Condorcet  (Archives municipales de Bourg-la-Reine )

« Aujourd'hui, dixième jour de germinal mil sept cent quatre-vingt-treize ( Pour 1794. Cette erreur existe sur les deux registres de l'état civil, à Paris et à Bourg-La-Reine ) (30 mars 1794), l'an deuxième de la République française, à deux heures après midi, par devant moi, Jean-Marin Auboin, membre du Conseil général de la commune Égalité, élu le trente-un décembre mil sept cent quatre-vingt-onze, pour recevoir les actes destinés à constater les naissances, mariages et décès des citoyens en la maison commune, ont comparu Edmé-Laurent Cholot , jardinier, âgé de cinquante ans, domicilié en ladite municipalité de l’Égalité, Jean Cretté, menuisier âgé de vingt-sept ans, demeurant également en ladite municipalité de l’Égalité, lesquels Edme-Laurent Cholot et Jean Cretté ont été témoins
«  Il appert qu'un individu détenu dans le maison d'arrêt de la commune de l’Égalité et écroué sous le nom de Pierre Simon ( Les noms sont barrés sur les originaux et en marge on lit la même note de rectification qu'au procès-verbal d'arrestation ), a été trouvé dans sa chambre mort par l'effet d'une apoplexie sanguinaire, ainsi qu'il résulte du rapport du citoyen Labrousse, officier de santé, expert du district ; appert, en outre, que la délivrance dudit cadavre masculin a été fait par le juge de paix à l'agent national près la commune de l’Égalité, pour par lui pourvoir à son enlèvement et à son inhumation au champ de repos do ladite commune de l’Égalité, en présence desdits citoyens qui sont Edme-Laurent Cholot et Jean Cretté, et ont signé avec moi, en ladite maison commune, les jour, mois et an ci-dessus
« B-N. Coursaux, Agent-national.
« J. Cretté, E.-L.Cholot.
« J.-M. Aubouin, officier public. »

Condorcet, Sa Vie Son Œuvre, Ouvrage Collectif.
D'autres détails sur les derniers jours de Condorcet.



Statue du marquis de Condorcet, créée par Jacques Perrin en 1894, détruite en 1941, érigée de nouveau en 1991 par la Monnaie de Paris et la Ville de Paris, quai Conti, à droite de l'hôtel des Monnaies, VIe ardt


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